Une version révisée de ce texte est disponible par téléchargement.
Un texte plus récent est en http://knol.google.com/k/philippe-lestang/christianisme/
Les convictions des chrétiens
Les textes rassemblés peu à peu dans ces pages veulent présenter de façon résumée l’essentiel du christianisme: ils sont une sorte de bref “catéchisme”.
En général un catéchisme c’est la présentation d’une série d’affirmations qu’il “faut” croire.
Rien de tel ici, comme on le verra, mais au contraire l’invitation à une réflexion personnelle.
Une approche "scientifique"
L’approche du christianisme qui sera utilisée ci-après est en quelque sorte “scientifique”. Des guillemets restent sans doute souhaitables autour du mot “scientifique” compte tenu des désaccords entre scientifiques sur ce que l’on peut considérer comme faisant partie de la science ou n’en faisant pas partie.
Il s’agit d’essayer de repérer des faits, d’énoncer des hypothèses.
Qu'est-ce qui est réel?
Les scientifiques opposent assez logiquement ce qui est réel et ce qui ne l’est pas (imaginaire?).
Mais comment sait-on que quelque chose est réel?
La science consiste à raisonner à partir de faits, et à bâtir des hypothèses. Mais qu’est-ce qu’un fait?
Certains voudraient réduire le domaine de la science aux faits reproductibles. Par là ils veulent sans doute dire, en réalité, que ce sont les seuls sur lesquels ils se sentent en mesure de faire des expériences. Mais il n’en résulte pas que les autres faits n’existent pas; il ne faut pas confondre les méthodes (actuelles) de la science et le vaste domaine du réel.
Les sciences humaines, par exemple, étudient des phénomènes extrêmement variables, où l’on arrive cependant à dégager des lois.
L’amour entre deux personnes ne peut pas vraiment être prouvé, ni analysé... (on peut seulement en constater certaines conséquences). Et pourtant il est réel.
Il y a des phénomènes dont on ne soupçonnait guère l’existence il y a quelques siècles, et que l’on a ensuite appris à connaître, comme par exemple la radioactivité.
Lorsqu’il s’agit de phénomènes non encore reconnus par tous, certains scientifiques ont un a priori négatif, qui dépasse la simple prudence.
La prudence est évidemment nécessaire face à un phénomène non encore généralement admis; mais le refus a priori n’est pas une attitude scientifique.
Un poisson connaît-il le bruit du vent?
Peu de scientifiques semblent prêts à admettre que nos instruments de connaissance, nos organes sensoriels, etc. nous rendent peut-être incapables de percevoir certains aspects voire certaines dimensions de l’univers.
Chacun, scientifique ou pas, en fonction de son tempérament, a tendance à remplacer le doute, seule attitude de départ correcte, par des affirmations négatives.
A titre d’exemple, on admet maintenant que des civilisations extraterrestres existent très probablement. Mais combien de scientifiques sont prêts à admettre que peut-être l’une ou l’autre de ces civilisations sont actuellement présentes autour de nous et nous observent? Chacun remplace, ici comme ailleurs, le doute par des affirmations péremptoires: “les distances sont trop grandes”; “s’ils étaient là ils nous le diraient”!
C’est que vivre avec le doute n’est pas facile.
Le doute positif
Il est temps me semble-t-il de compléter les principes posés par Descartes dans le discours de la méthode par un cinquième principe, qui s’énoncerait à peu près comme suit:
“Le cinquième précepte était de ne considérer jamais aucune chose pour fausse que je ne la connusse évidemment être telle; c’est à dire d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention; et de n’écarter rien de plus du champ de mes réflexions que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit que je n’eusse aucune occasion de le considérer comme vrai.”
Au delà du clin d’oeil que constitue ce texte “à la manière de”, il y a là comme une définition de l’esprit ouvert, et de son difficile programme.
Le doute positif, c’est l’acceptation du réel non encore connu; l’ouverture à ce qui est autre.
C’est aussi un peu la définition de l’amour.